vendredi 22 février 2019

Chapitre 1

Une proposition inattendue

Ordo ab chao


Le véléda crissa sur le tableau blanc lorsque Jon marqua le premier intitulé de la leçon du jour: l'héritage d'interface. Il était neuf heure moins dix et quelques étudiants étaient déjà là. Ils discutaient entre eux dans un doux brouhaha.

Jon arrivait résolument cinq à dix minutes avant le début du cours. Inscrivait le plan au tableau puis discutait ou répondait à d'éventuelles questions.

Comme il y avait toujours des retardataires, et pour ne pas pénaliser ceux qui étaient déjà présents, il commençait délibérément quelques minutes avant l'heure avec une réflexion d'ordre général, souvent longuement mûrie, et qui pourrait servir ses étudiants dans leur vie future:

- Quelques-uns parmi vous se demandent à quoi peuvent bien servir certaines matières qui leur sont enseignées. Ont-elles une utilité au delà de leur beauté ou de leur intérêt intrinsèque? commença-t-il.

Pour ce cours de programmation orientée objet, la question ne devrait pas vraiment se poser, après tout, la programmation fait partie du b.a.-ba de l'ingénieur en informatique, mais qu'en est-il de la théorie des graphes ou de la machine de Turing?

Le silence s'était fait, il avait capté leur attention.

Ces sujets font plutôt partie du domaines de la recherche et, d'après nos statistiques, vous pourriez penser que cela ne concerne qu'une dizaine de pourcent d'entre vous. Eh bien, détrompez-vous, même si pour la plupart d'entre vous, vous n'aborderez plus ces sujets dans votre vie professionnelle il n'en reste pas moins que, tôt ou tard, lorsque vous approfondirez suffisamment un sujet, vous vous retrouverez dans une position de chercheur. Le fait d'avoir été exposé à ces théories, même si elles sont différentes de ce dont vous aurez besoin, vous aidera à aborder l'état d'esprit qu'il vous faudra à ce moment-là, ainsi qu'à employer des méthodes qui sont, somme toute, transverses à toutes démarches de recherche. 

Comment saurez-vous alors que vous faites de la recherche? Eh bien, vous vous retrouverez confronté à un questionnement que vous serez probablement seul à avoir et vous n'aurez personne, dans votre entourage immédiat, pour vous aider. Mais alors, me direz-vous peut-être, nous faisons tous de la recherche sans le savoir. Un peu comme monsieur Jourdain faisait de la prose. C'est assez vrai, toutefois pour réellement parler de recherche je dirais qu'il faut au moins deux conditions: la difficulté du problème et la rareté des personnes pouvant vous aider à le résoudre.

Difficulté, car une fois résolu un problème peut être classé et ne fait plus partie de la recherche. Rareté, car si le problème est réellement difficile, à moins d'un réel besoin, il sera abandonné par la plupart des gens.

Un problème ou un domaine de recherche se retrouve donc naturellement circonscrit et relativement peu de personnes s'y intéressent. Quand vous arriverez à cette situation, le premier réflexe à avoir est de vous documenter, c'est ce qu'on appelle faire un état de l'art. On tombe rarement sur un sujet qui n'a pas déjà fait couler beaucoup d'encre. Mais si votre sujet est suffisamment spécifique vous ne trouverez rien de bien édifiant, ni sur YouTube, ni dans les livres et rarement sur des blogs. Il vous faudra alors probablement chercher dans la littérature scientifique. Quand vous commencerez à lire ces articles scientifiques, vous saurez, indubitablement, que vous faites vos premiers pas dans la recherche.

Mais avant que vous ne commenciez à vous documenter, vous passerez certainement par d'autres étapes: vous essayerez de résoudre la question par vous même, si cela échoue, comme vous ne serez pas face à vous même, vous en discuterez avec vos camarades ou vos collègues, mais, si votre problématique est réellement spécifique, ils ne sauront probablement pas vous apporter leur aide et c'est à ce moment-là qu'il vous faudra penser à vous documenter.

Un étudiant leva la main et Jon lui donna la parole:

- Monsieur, l'autre jour monsieur Lapoire nous a donné un article scientifique, mais comment a-t-il fait pour le trouver?

- C'est une excellente question, vous pourriez simplement aller sur google scholar, mais le mieux serait que vous vous rendiez à la BU pour prendre l'ampleur de la quantité de journaux scientifique qui existent, et ce, sur des sujets très pointus, vous verrez c'est assez édifiant. Je vous recommande aussi de ne pas hésiter à poser des questions aux personnels présents pour qu'ils vous montrent comment faire une recherche documentaire.

Jon effectua alors un rapide sondage de sa classe et seuls trois élèves savaient de quoi il parlait. C'était normal, ils n'en étaient encore qu'à leur quatrième année d'étude, et il recevait plus que suffisamment d'informations pour ne pas avoir à en chercher par eux-même. Il poursuivit:

- Pour revenir à notre propos, voilà au moins une raison pour laquelle il n'est pas totalement vain d'étudier ces sujets purement théoriques et qui semblent, à quelque-uns d'entre vous, déconnectés de la réalité professionnelle. Cela permet de se familiariser avec des mécanismes dont vous aurez sans doute besoin plus tard.

Plus prosaïquement, pour fermer cette petite parenthèse sur la recherche, lorsque vous rencontrer un problème sur lequel vous passez plusieurs heures, jours, voire semaines, vous devez acquérir le réflexe de vous documenter de temps en temps. Certes, vous saurez probablement comment faire, mais prendre de l'inspiration ailleurs est souvent négligé et peut vous faire faire des pas de géant. On ne réinvente pas l'eau tiède tous les jours!  Je vous donne cette graine probablement trop tôt, car vous n'en avez pas un besoin immédiat, mais, tôt ou tard, vous serez confronté à cette situation et, bien que vous soyez voués à arriver à ces mêmes conclusions, cela se fera peut-être un peu plus rapidement et un peu plus facilement avec cette trace mnésique que je vous laisse. Ne réinventez pas l'eau tiède!

Revenons à du concret. Je discutais avec un post-doctorant qui est allé faire de la programmation dans l'industrie. Il lui a fallut plus de dix ans avant de rencontrer un sujet dans lequel il utilise des mathématiques en lien avec ce qu'il avait appris en classes préparatoires. Pour lui, ça a été  une révélation. Enfin! Il comprenait l'utilité pratique de certaines choses qu'il avait appris. Cependant, il aurait tout aussi bien pu devenir chef de projet. Il aurait eu alors plus à s'occuper de relation avec les clients et de problèmes organisationnels et il est peu probable qu'il eût compris cette utilité. Cela montre bien que seul le parcours que vous prendrez déterminera de quoi vous aurez besoin en chemin.

Un autre exemple, dans vos classes précédentes vous avez appris beaucoup de matières qui ne vous servent pas aujourd'hui: la biologie et la physique par exemple. Cela ne signifie pas qu'elles ne vous resserviront pas un jour: l'informatique est omniprésente, et vous aurez besoin de ces bases si vous faites de la génomique ou des simulations physique. Et puis, elles ont déjà eu une utilité: ne vous ont-elles pas permis de choisir votre voie?

Il fit une pause réfléchissant à ce qu'il allait ajouter. Il était inutile de préciser qu'il y avait aussi des contraintes logistiques qui faisait que l'enseignement était dispensé à de grands groupes le rendant bien moins modulable qu'il pouvait l'être. Les plus motivés et doués d'entre eux n'étaient pas encore en capacité de distinguer ce qui leur servirait plus tard: les possibilités étaient innumérables.

- La fin des études est plus professionnalisante et l'an prochain vous choisirez certaines spécialités et certains modules en fonction d'un éventuel projet professionnel, mais l'incertitude est grande face à la multiplicité des choix possibles et la part de hasard reste gigantesque: qui sait où il sera dans dix ans?

Et bien avant ça, l'expérience montre que bon nombre d'entre vous trouveront leur premier emploi dans un domaine qui ne sera pas lié à la spécialité qu'ils auront choisi.

Au final, les enseignements dont vous bénéficiez doivent vous permettre de vous adapter aux nouvelles situations auxquelles vous ferez face.  Alors, certes, seul un petit bagage de vos connaissances vous seront utiles. Mais vous aurez eu la possibilité de choisir votre voie, ce qui n'est pas une mince affaire et c'est ce que l'on appelle la liberté.

Et vous aurez aussi la capacité de rebondir, car la vie n'est pas toujours un long fleuve tranquille. Donc oui, il y aura beaucoup de choses qui ne vous serviront pas. Du moins directement car, non seulement elles vous auront appris à apprendre, mais elles vous permettront aussi d'interagir avec vos collègues en confiance et en compréhension.

En définitive, je dirais que l'utilité, de tous ces cours, est de vous rendre un peu plus maître de votre destin. Mais dit comme ça, isolément, cela ferait certainement un peu court. ajouta-t-il en regardant le retardataire qui venait d'entrer il y a quelques secondes.

Cette petite allocution avait duré une dizaine de minutes. Au fil des années, Jon en avait développé toute une panoplie. Il les répertoriait dans un carnet et il allait y piocher lorsque les circonstances des jours précédents ne lui en suggéraient pas de nouvelles.

Ils devaient être à peu près au complet, tant pis pour les autres, il commença son cours. Après de brefs rappels de la séance précédente, il développa les nouveaux concepts de sa leçon du jour sur la programmation orientée objet.

Deux heures plus tard, il rejoignait son laboratoire situé à quelques centaines de mètres de là.

A 43 ans, le professeur Jon Maevik était à la tête, depuis bientôt cinq ans, d'une petite unité de recherche sur Paris. Avec cinq chercheurs, une quinzaine de post-doctorants et de doctorants, les activités de son laboratoire se portaient plutôt bien. À tel point que les financements étaient assurés pour les deux prochaines années par quelques projets européens ambitieux. Projets desquels ils ne parviendraient probablement pas tous à bout, mais qui leur permettraient de poursuivre et de conforter leurs lignes de recherche.

Il avait commencé dans le milieu par une thèse sur les réseaux neuronaux, publié de nombreux articles sur le sujet, montrant qu'il était à la pointe dans ce domaine, et avait écrit un livre d'introduction qui en était à sa troisième édition et qui l'avait assis comme une des références du milieu. Aujourd'hui, il n'avait que très rarement les mains dans le cambouis numérique, il se dédiait plutôt à chercher des collaborations et à écrire des propositions de projets pour des technologies que seuls quelques-uns de ses collaborateurs maîtrisaient complètement. Le laboratoire vivait bien et connaissait même une croissance modérée: il pensait, cette année, pouvoir faire embaucher l'un de ses post-doc. en tant que maître de conférence.

***

Une sorte d'anomalie caractérisait toutefois Jon Maevik: il avait toujours eu un attrait pour l'ésotérisme, fait plutôt rare dans le milieu scientifique normalement formaté. C'était donc une caractéristique qu'il prenait soin d'occulter dans les milieux professionnels qu'il fréquentait où la doxa rationnelle domine et où ces formes d'intuitions et de pratiques sont ignorées. Par ésotérisme, il entendait ces formes de pensées "pré-scientifiques" qui ont continué à évoluer en deçà des différents avènements de la pensée rationnelle qui ont marqué l'évolution des sciences humaines, sociologiques et psychologiques.

Par différentes techniques, utilisant symboles et hasard, il parvenait à entrer en résonance avec son inconscient et à prendre une sorte de positionnement anté-conceptuel qui lui permettait de structurer différemment certains processus de pensée  et d'aborder des problématiques où la raison échouait. Cela arrivait généralement quand la dimension, la complexité ou l'incertitude d'un problème abordé dépassait un certain seuil, que les données pour l'analyser étaient insuffisantes ou qu'il n'y avait pas de support conceptuel adéquat. Ces techniques ésotériques lui permettaient de prendre du recul, par un temps de réflexion et de contemplation, afin de pouvoir prendre certaines décisions.

C'était cet attrait pour l'ésotérisme qui avait conduit Jon à candidater puis à fréquenter une loge maçonnique symbolique.
Cela faisait un peu plus de trois ans qu'il s'y rendait tous les quinze jours et il venait de recevoir le grade de Maître. Pour cela il avait dû passer un certain nombre de rituels qu'il avait trouvés parfois ennuyeux, mais qui avaient eu le mérite de lui rappeler certaines épopées de sa jeunesse.
La franc-maçonnerie était surtout devenue pour lui un moyen de rencontrer des gens hors du cadre universitaire. Au cours des différentes séances, il avait cru comprendre que certains milieux satanistes se développaient via cet intermédiaire, et ce, grâce à la discrétion de cette société. En effet, tout ce qui était dit en séance devait être maintenu secret, ce qui permettait une grande liberté de parole. Toutefois, il se gardait bien de fréquenter les plus fanatiques des membres qu'il considérait comme des psychotiques en puissance aux pratiques nauséabondes, c'était aussi un des travers de certaines pratiques occultes et, comme partout, il y avait des salauds.

En parallèle, il y avait aussi toute une bonne société de travailleurs libéraux, avocats, médecins qui trouvaient un moyen à la fois de réseauter, mais aussi de se faire de bons amis, ce qui était presque toujours exclusivement le cas dès lors qu'aucun intérêt économique ne pouvait interférer.

L'une de ses passions secrètes, sur laquelle il s'exprimait en loge, était le tarot de Marseille utilisé en tant qu'art divinatoire. Il y avait trouvé un public ouvert, sans préjugé et qui avait su stimulé ses réflexions. Lui-même avait employé cette grille de réflexion à maintes reprises lors de prises de décisions difficiles quant au futur de ses thésards et post-doc.

C'est ainsi, qu'à la fin d'une de ces manifestations bimensuelles, il avait rencontré Frédéric Le Goff. Ce dernier avait su rester très discret par rapport à son travail lors de ses présentations de planche. Toutefois, l'esprit logique dont il faisait preuve, parfois incisif, ainsi qu'une certaine retenue avaient fait que Jon l'apprécie. Il soupçonnait d'ailleurs, par quelques remarques sagaces empreinte d'un cynisme innocent, que Frédéric Le Goff était chercheur en cybernétique, robotique ou informatique. Les révélations qui lui furent faites plus tard montrèrent que son intuition ne l'avait pas trompé et que, la considération implicite qui en résultait, était bien justifiée.

C'est en sortant de la loge que Frédéric aborda, pour la première fois, Jon:

- Monsieur Maevik? Si je ne m'abuse!

- Oui, c'est bien moi, répliqua Jon un peu surpris.

- Cela vous dirait-il d'aller boire un verre dans le pub d'en face? J'aimerais vous soumettre une proposition.

- Soit... Monsieur?

- Le Goff, Frédéric Le Goff.

Ils continuèrent à échanger quelques banalités en entrant dans le pub, Le Goff pris une Grim rouge et Maevik qui avait chaud, par cette première chaleur d'été, choisit une Frozen Margarita.

- J'ai beaucoup aimé votre présentation le mois dernier sur la lecture du tarot, déclara Frédéric, et je dois reconnaître que votre approche, quasi-rationnelle, de cet outil m'a donné envie d'y consacrer un peu de temps.

- Oui, c'est surtout l'expérience qui permet une interprétation judicieuse des cartes, mais je peux vous conseiller un petit ouvrage qui vous aidera à vous dégrossir. Puis-je vous demander votre âge?

- J'ai trente-et-un ans, dit-il en sortant un calepin de la poche gauche de sa veste.

Il prit note du livre que lui recommandait Jon. La conversation poursuivit son cours quelques minutes. Maevik lui indiqua, qu'à moins d'un parcours chaotique ou au contraire très structuré, il faudrait probablement attendre quelques années encore avant qu'il ne puisse tirer profit de tout le potentiel du tarot. Mais que, dès à présent, cela pouvait s'avérer un outil utile à ajouter à sa panoplie.

- Alors, comme ça, vous avez une proposition à me faire. De quoi s'agit-t-il? demanda Jon Maevik, curieux de la raison annoncée qui avait poussé son comparse à entamer cet échange.

- Oui, en effet, je travaille sur un projet classé secret défense et nous aurions besoin de vos services en tant qu'expert en réseaux neuronaux.

Secret défense, que cela pouvait-il être, se demanda Jon, il n'avait pas beaucoup d'attrait pour le militaire bien qu'il estimait la profession comme nécessaire. En tout état de cause, il n'avait plus de raison de croire que Frédéric était sur un projet de startup, comme il l'avait initialement subodoré: l'exagération d'un enjeu de confidentialité aurait trop contrasté avec la précision habituelle de Frédéric. Quoique cela puisse être, cela semblait toutefois bien rentrer dans ses cordes.

- Ça fait quelque temps que je n'ai pas touché de très près à ce domaine, mes compétences en C++ se sont estompées, s'exclama Jon, n'y a-t-il pas d'autres spécialistes qui feraient tout aussi bien l'affaire?  demanda-t-il en cherchant à savoir pourquoi il s'adressait à lui plutôt qu'à l'un des quelques laboratoires concurrents présents sur Paris.

- C'est possible, quoique leur nombre en est assez limité. La raison pour laquelle je m'adresse à vous est d'abord pratique puisque nous nous côtoyons régulièrement. D'autre part, nous fréquentons cette loge dont les traditions de confidentialité ont des similitudes intéressantes avec certaines des contraintes auxquelles nous devons faire face. 

- Mais, ne m'avez-vous pas dit que le projet est secret défense? Je ne pense pas que le secret maçonnique entre dans les critères du ministère de la Défense?

- Certes, c'est en effet plus compliqué que cela, mais vous le découvrirez bien assez tôt si vous acceptez de travailler avec nous. Disons que cela facilite les procédures par une certaine confiance qui vous est implicitement octroyée.

- Vous savez attiser la curiosité d'un scientifique, s’esclaffa Jon, eh bien, pourquoi pas, mais je me réserve le droit de publier mes recherches si j'ai l'occasion de faire quelques avancées dans mon domaine.

- Cela s'est déjà vu, répondit pensif Frédéric, cependant vous ne pourrez pas parler du hardware et vous devrez trouver une application différente de la nôtre pour maquiller vos recherches.

- Je comprends, nous avons assez l'habitude de ce genre de transformations, j'ai eu pas mal de collègues qui avaient peur de perdre leur exclusivité sur une idée et faisaient faire des recherches sur des projets parallèles dont les objectifs étaient similaires. Néanmoins, d'expérience, je peux dire qu'ils s’illusionnaient aussi eux-mêmes ainsi.

En effet, la perte de focus du sujet premier entraînait souvent des contorsions qui créaient différentes tensions et mettaient tout le monde sur les nerfs.

- Je comprends aussi, toutefois, quand vous connaîtrez la nature de notre projet, vous verrez que notre application est non seulement novatrice, mais qu'elle est aussi extrêmement sensible. Cela est dû aux impacts qu'elle pourrait avoir et aux enjeux sociétaux qui en résulteraient.

Jon était intrigué au plus haut point, mais il sentait bien, au discours rodé de généralités, qu'il n'en apprendrait pas beaucoup plus aujourd'hui.

- Et en quoi mes recherches pourraient-elles avoir un tel impact?

- C'est que vous ne seriez qu'un élément d'un ensemble beaucoup plus grand.

Cela sentait le projet interdisciplinaire, exactement ce que Jon recherchait en ce moment.
En outre, bien que les occasions ne soient pas si rares, elles n'étaient pas toujours aussi chaleureuses (elles commençait plutôt par un échange de mails qui pouvait sembler un peu aride en comparaison) et il avait envie d'en savoir plus.

- Quoi qu'il en soit, je suis intéressé, s'exclama Jon.

- Fort bien, pour l'instant c'est le plus important, ce que je vous propose, dans un premier temps, c'est de venir faire une visite dans nos laboratoires du CEA. Nous verrons aussi si vous êtes moralement habilitable à ce projet.

Le CEA, Jon connaissait l'institut de réputation, bien qu'il ne connût pas encore le contenu du projet, cela était de très bonne augure, après tout cela n'était peut-être finalement pas une application militaire. Il appréciait aussi que Frédéric ne se soit pas servi de cette renommée indûment et ait cherché d'abord à évaluer ses disponibilités.

- Moralement habilitable?

- Oui, cela fait partie de la procédure, vous verrez quand vous y serez, en attendant je vous fais confiance pour que tout ce dont nous avons discuté reste dans la confidentialité, au même titre que la réunion en petit comité de tout à l'heure.

- Ok! Aucun problème, mais vous faites bien de  préciser, sous l'excitation, j'en aurais parlé à mes collègues dès demain.

La remarque amusa Frédéric, l'enthousiasme de Jon l'étonnait.

- Bien, alors prenons rendez-vous à l'accueil du CEA, dans le courant de la semaine prochaine?

Ils convinrent alors d'un rendez-vous le jeudi matin. Comme Jon était véhiculé, Frédéric lui proposa de se rendre à la porte nord du CEA Saclay, vers neuf heure. Il viendrait le chercher à l'accueil.

Sur ce, ils finirent leurs verres et se quittèrent en se serrant la main selon un des rituels de leur loge.

  1. Devise pouvant sembler aller à l'encontre du principe d'entropie et que l'on pourrait traduire par: l'ordre naît du chaos
  2. Bibliothèque Universitaire
  3. Regroupant les membres des trois premiers grades: apprenti, compagnon et maître. 
  4. Langage de programmation informatique dérivé du C dont la syntaxe facilite la programmation orientée objet.
  5. Commissariat aux Énergies Alternatives


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